Tàiji quán – Des principes à la pratique

À propos de la posture de l’arbre (zhan zhuang)

La posture statique (notamment celle de l’arbre) est fondamentale pour la pratique, parce qu’elle implique, à l’exception du mouvement concret, tous les principes du tàijiquán. Relâchement et structure s’y retrouvent pour former la structure diffuse nécessaire à la présence. Mais la pratique de cette posture est difficile et parfois contre-intuitive : alors qu’on peut chercher la connexion au ciel pour faciliter la tenue des bras, notamment, on aura parfois tendance à amener le dos à se cambrer, coupant la structure en deux. En fait, l’alignement vertical n’est pas nécessairement primordial dès le début de la pratique. Parler de verticalité peut nous faire imaginer que la structure corporelle est polygonale et que les courbes, par le relâchement, pourraient en disparaitre pour laisser le corps s’articuler autour d’une colonne centrale. En fait, les courbes peuvent très bien supporter toute une structure, parfois de manière plus adéquate que ne le peuvent les droites (par exemple, le Pavillon Philips, de Xenakis, était constitué uniquement de paraboloïdes hyperboliques, sans aucune ligne droite).

Poursuivre la lecture

Tàiji quán – Des principes à la pratique

Nicolas Marty | 2018-2019

Le tàiji quán a émergé du kung-fu interne de Chenjiagou au 19e siècle, et s’est répandu en Chine puis dans le monde d’abord grâce à Yang Luchan, qui lui a donné son nom, avec une forme moins démonstrative que celle qu’il avait appris auprès de la famille Chen (Tokitsu 2010). La lenteur et l’orientation interne y était mise au premier plan, tout en conservant les principes généraux de l’art martial des Chen. De l’extérieur, l’aspect martial peut donc y être moins évident, sans y être moins présent.

Le quán de tàijiquán se retrouve d’ailleurs dans le mot quánfǎ (kenpō en japonais, littéralement « la méthode du poing »), qui désigne les arts martiaux, les « boxes ». En chinois, on trouve cependant plus couramment le terme wǔshù, qu’on traduit en général par « art martial ». La décomposition de l’idéogramme peut faire penser que ce « martial » révèle plutôt l’idée d’ « arrêter la lance » – wǔshù serait donc l’art ou la manière d’arrêter la lance (Charles 2015), et le budō japonais, qui utilise ce même idéogramme, désignerait moins la voie de la guerre que la voie qui permet d’arrêter la guerre.

Poursuivre la lecture